En Aquitaine, le recul du trait de côte a son emblème : Soulac-sur-Mer, face à Royan à la pointe du Médoc. « Le taux d’érosion y est l’un des plus élevés d’Europe. La mer grignote chaque année de trois a cinq mètres de plage. Les dernières tempêtes hivernales ont accéléré ce phénomène. Tout repli est impossible, la commune est prise en étau entre les eaux de l’Atlantique et l’estuaire de la Gironde », explique son sénateur-maire Xavier Pintat. Une vulnérabilité que l’élu veut tourner à son avantage, en faisant de sa commune un site pilote en Europe. Un partenariat est en cours avec le Service hydrographique et océanographique de la marine (Shom) pour mieux cerner le fonctionnement hydrosédimentaire du site. « Il faudra aussi mobiliser des financements régionaux et européens pour tout tenter afin d’enrayer ce processus fragilisant notre développement économique. Et freiner les vagues avec des dispositifs nouveaux et alternatifs. En sortant de l’habituelle approche défensive, protectrice, pensée depuis la terre vers la mer. Il faut inverser cette logique », ajoute-il.
Et de citer, au rang des techniques envisagées pour freiner les vagues, les systèmes de récifs artificiels et les houlomoteurs testés par DCNS au Portugal, « qui ont le mérite de produire de l’énergie mais aussi d’écrêter les vagues ». Yves Bannel, le président d’une association locale qui a fait remonter le dossier jusqu’à Bruxelles, estime qu’il faudra privilégier la solution technique générant le moins de conflit d’usage. Un dispositif expérimental sera ainsi testé dans les prochaines semaines. Baptisé Dédale, il consiste en une série d’obstacles placés sur le parcours de la vague afin, comme le résume Max Schvoerer, scientifique et initiateur du projet, « d’atténuer la force de sa gifle ». Des « murs couchés » seront placés au large du rivage, à l’horizontale, arrimés au fond de l’eau. « Ces lourds ballast seront remplis avec le sable de la plage sud de Soulac-sur-Mer puis encordés entre eux. Le dispositif est ainsi réversible – testé l’hiver et retiré à la belle saison – et à moindre impact sur l’environnement. Le sable utilisé sera à chaque fois rendu à la plage », précise-t-il. Et peu onéreux (environ 200 000 euros) pour les élus et services de l’État, qui financeront.