Il aurait presque fallu un grand angle pour prendre la photo ! La famille des acteurs territoriaux mobilisés à Massy pour défendre la biodiversité ne cesse de s’élargir. Réunie sur la scène de l’auditorium du palais des congrès, elle a étonné par sa capacité à fédérer les énergies. Sortir du cercle d’initiés pour se tourner vers tous les publics et échelons de collectivités reste la priorité : “Continuons d’attirer l’attention de toutes et tous sur cette réalité aussi grave que méconnue”, confirme Nicolas Samsoen, maire de cette ville accueillant la neuvième édition. “L’État fixe un cap, une stratégie – notre plan Biodiversité s’apprête d’ailleurs à souffler sa première bougie – mais on voit bien que le secteur ne l’attend pas, que cela part à fond et c’est tant mieux ainsi !”, a appuyé Thierry Vatin, directeur de l’eau et de la biodiversité au ministère de la Transition écologique et solidaire.
Le pari de la régionalisation
Première réussite mise en avant, la déclinaison régionale des missions de l’Agence française pour la biodiversité (AFB). Quatre agences régionales (ARB) sont opérationnelles, dont la dernière née en Centre-Val de Loire. Un club des ARB fraîchement créé a tenu sa première réunion le 19 juin. “Le pari des ARB n’était pas gagné d’avance, soyons fiers de voir évoluer cette carte du territoire des agences”, se réjouit Bruno Millienne. Ce député (Yvelines) est à la tête de l’ARB Île-de-France qui a publié le 20 juin un panorama de la biodiversité francilienne. Ce rapport met en évidence “l’influence de la métropole sur l’état de la biodiversité, qui tend à s’améliorer à mesure que l’on s’en éloigne”. La progression de l’artificialisation au niveau national a fait l’objet de divers éclairages durant ces assises. Chiffre avancé : 66.000 hectares d’espaces sont artificialisés chaque année, soit 180 hectares par jour. “A l’heure des alertes et des urgences, la Région s’apprête à adopter une nouvelle stratégie régionale, construite de façon multipartenariale”, indique Valérie Pécresse pour l’Île-de-France.
“Seules les démarches multi-acteurs fonctionnent. On le voit dans les comités de gestion déployés dans les départements pour gérer les espaces naturels sensibles (ENS). C’est là qu’il se passe des choses et qu’on travaille entre acteurs locaux sur les usages associés à ces espaces, au sein desquels il est stérile de vouloir tout interdire”, raconte Valérie Nouvel, vice-présidente du conseil départemental de la Manche. Ce département doté de 26 ENS a une longue expérience en la matière. “Chez nous aussi, notre Maison de la nature a vu passer deux générations d’habitants et emploie aujourd’hui 25 personnes !”, rebondit Patrick Barbier, maire de Muttersholtz (Bas-Rhin). Pas mal pour une commune de 2.000 habitants : “Mais la municipalité ne fait pas tout. Elle s’appuie sur un réseau d’associations, de clubs et même d’acteurs du tourisme. C’est dans cette démultiplication des effets que des progrès se mettent en place”.
La prise de conscience des intercommunalités
Une capacité d’action des territoires que le futur opérateur national – baptisé “Office français de la biodiversité” (OFB) et né du rapprochement entre l’Agence française de la biodiversité (AFB) et l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) – promet de ne pas trahir. “Nous en sommes à mi-chemin et veillons à simplifier l’organisation sans toutefois la fragiliser, à ne pas assécher les territoires et à être bien présent à tous les échelons locaux”, rassure le préfigurateur de l’OFB (3.000 agents) Pierre Dubreuil. Enfin, pour Philippe Schmit, secrétaire général de l’Assemblée des Communautés de France (AdCF), le temps est venu d’une véritable “appropriation politique de ces sujets” pour qu’ils “deviennent un réflexe dans tous les esprits”. Absorbées par d’autres tâches, les intercommunalités s’en sont jusque-là peu emparées. L’AdCF promet d’y remédier : “Elles forment un espace propice pour progresser sur ces enjeux”. L’association va mettre le sujet à l’agenda de ses rencontres en région et développer un argumentaire pour faciliter la mobilisation de son réseau, “sans verser dans une technicité qui peut devenir excessive dans ce domaine mais en trouvant un bon équilibre pour dire que la préservation de la biodiversité n’est pas incompatible avec un développement des territoires”.