A Brest, Ségolène Royal prend de la hauteur en téléphérique

La ministre de l'Environnement va inaugurer le 20 novembre le téléphérique urbain de Brest, qui relie en trois minutes le centre-ville au nouvel écoquartier des Capucins. Les économies d'énergie seront-elles au rendez-vous ?

Ségolène Royal va inaugurer le 20 novembre le nouveau téléphérique urbain de Brest métropole. Ses deux cabines et 460 mètres de câbles survolent la rade à 70 mètres de hauteur. Grâce à cet équipement unique la collectivité veut renforcer les échanges entre les deux rives.

Elus, experts, curieux se sont déjà pressés pour voir cette première française. Car si Orléans, Toulouse ou Créteil ont des projets similaires à l’horizon des cinq ans, c’est bien Brest qui va essuyer les plâtres avec ce téléphérique fonctionnant tous les jours de l’année, avec la même amplitude horaire (et le même ticket) qu’un bus. Seules New York, Portland, Coblence en Allemagne, Rio de Janeiro, Medellín en Colombie et Caracas (Venezuela) ont des équipements similaires. Courant à la montagne mais absent du paysage des transports collectifs urbains, le câble s’est longtemps heurté dans l’Hexagone au scepticisme des élus. Il convainc là où il représente le seul moyen de franchir des obstacles, coupures ou dénivelés.

 

Ne pas calquer le télphérique montagnard

A Brest, il part du centre-ville et dessert un écoquartier de 16 hectares construit sur d’anciens terrains militaires et qui accueille ses premiers habitants, en enjambant un fleuve côtier, la Penfeld, et une base de la Marine où s’enracine l’unique pylône sur lequel repose l’infrastructure. Sur cinq équipes candidates à ce marché en conception-réalisation, le constructeur suisse BMF-Bartholet l’a remporté. « Au lieu de plaquer sur la ville un modèle de téléphérique montagnard, il a proposé une solution adaptée à nos contraintes notamment foncières, souligne Victor Antonio, directeur de la mission tramway et téléphérique à la métropole. Ainsi les stations sont compactes, ce qui facilite par ailleurs l’intégration au réseau de transports en commun existant. Autre originalité : les cabines passeront à l’intérieur du pylône et circuleront non pas côte à côte mais l’une au dessus de l’autre ».

Ce système, non pas en boucle mais à va et vient, piloté à distance depuis le poste de commande tram-bus, transportera à minima 2 000 passagers par jour. Les deux cabines se croisent l’une au-dessus de l’autre, et non l’une à côté de l’autre comme dans un téléphérique classique. Il sera exploité par Keolis, pour qui c’est aussi une première. Ce transporteur a formé ses équipes en les envoyant se frotter aux téléphériques de Val Thorens, référence mondiale, et du Pic du Midi. Côut de conception de l’ovni brestois : 16,5 millions d’euros. Les stations et le pylône représentent les deux tiers du prix. A cela s’ajoute un coût annuel de fonctionnement de 700 000 euros (personnel, maintenance, révision).

 

Une consommation électrique optimisée

Sa consommation électrique sera optimisée : « En montagne les téléphériques qui descendent alimentent en énergie ceux qui grimpent. Ici les deux cabines monteront en même temps. En descente l’énergie fournie sera stockée par un système à supercondensateurs (développés par Blue Solutions, du groupe Bolloré, ndlr). Le constructeur annonce des gains importants. Nous verrons si la réalité les confirme », espère Victor Antonio. Ce projet de stockage de l’énergie dans des batteries supercapacités, lorsque les cabines sont en descente, pour que cette énergie soit ensuite réutilisée à la montée suivante, a été confié à deux spécialistes, Bartholet France et Seirel, qui se sont eux-mêmes appuyés sur de rares fournisseurs, comme Leroy-Somer, bénéficiant d’une expérience de ce type d’application (fourniture des onduleurs et convertisseurs).

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